[Chronique] Swallow The Sun – Shining

[Chronique] Swallow The Sun – Shining

Il est toujours compliqué d’aborder un album après avoir été marqué par une œuvre aussi magistrale que Moonflowers en 2021. Cet album m’avait profondément touché, avec ses mélodies d’une tristesse infinie et sa production à la fois dénudée et poétique. C’est peut-être pour cela que Shining, leur nouvel opus, me laisse perplexe. Pas qu’il soit mauvais, loin de là. C’est juste qu’après l’éclat sombre de Moonflowers, cet album plus accessible et moins introspectif semble avoir pris un virage auquel je ne m’attendais pas.

La production, signée cette fois par Dan Lancaster, est peut-être ce qui m’a le plus frappé. Fini l’approche organique et mélancolique de Juha Raivio, place à une production lisse, presque trop clinique, qui, à mon sens, enlève un peu de l’âme de Swallow the Sun. Attention, il y a toujours ces riffs lourds et ce désespoir viscéral qui font la force du groupe, mais le contraste est flagrant. Là où Moonflowers te prenait aux tripes dès les premières notes, Shining semble plus distant, plus calculé. On est dans une structure plus simple par moments, avec des refrains plus chantants et des morceaux comme « Innocence Was Long Forgotten » ou « MelancHoly » qui semblent taillés pour un public plus large.

Cela dit, je ne peux pas nier que certains passages de l’album ont réussi à me captiver, un peu comme un Katatonia pourrait le faire. Il y a toujours cette lourdeur dans des titres comme « What I Have Become » ou « Kold », qui rappellent le Swallow the Sun que je connais et que j’apprécie, celui qui te traîne dans les abysses avec des riffs écrasants et des growls impitoyables.

Mais il faut le dire, Shining ne dégage pas la même intensité émotionnelle que le précédent album. On sent que Raivio, après avoir traversé les enfers personnels qui ont donné naissance à leur dernier album, a cherché à prendre une direction plus lumineuse, plus directe. Et je respecte totalement ce choix. Il fallait sans doute ça pour qu’il puisse survivre à la noirceur qui l’habitait. Mais pour moi, en tant que fan, cet album manque un peu de la profondeur et du désespoir auxquels je m’étais habitué.

Au final, Shining est un album audacieux dans sa propre démarche, assez Proggy ce qui devrait normalement m’enchanter, mais il ne parvient pas à retrouver l’alchimie dévastatrice de ses prédécesseurs. Peut-être que je suis trop attaché à cette esthétique décharnée et introspective qu’avait parfaitement capturé Swallow the Sun. Pourtant, je reste curieux de voir où ce chemin les mènera. Parce que même s’ils ont pris un virage plus accessible, Swallow the Sun reste une valeur sûre, un groupe qui sait jouer avec nos émotions comme peu d’autres.

 

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