[Live Report] Ayreon - An Amazing Flight Through Time - 13/09/2025 @Tilburg, NL

Un voyage de 30 ans

Après avoir vécu Electric Castle Live & Other Tales en 2019 et 01011001 – Live Beneath the Waves en 2023, il était hors de question de manquer le 30e anniversaire d’Ayreon, le projet qui a marqué ma vie de fan de Metal Progressif, et qui trône assez largement comme l’artiste que j’ai le plus écouté. Arjen Lucassen annonçait cinq shows sur trois jours à Tilburg, rassemblant 15 000 spectateurs venus de 71 pays, pour célébrer trois décennies de musique épique, de science-fiction et de Space Opera progressif. Pour moi, c’était un événement inmanquable, le rendez-vous ultime, et je partais de Lille avec mon pote Steph, accueilli comme un roi, prêt pour cette nouvelle immersion dans l’univers d’Ayreon.

Arrivée à Tilburg et effervescence

La météo est fidèle à la tradition locale, humide et frisquette, mais cela n’entame en rien l’atmosphère excitante du week-end. Dès l’arrivée, la ville s’imprègne d’Ayreon, avec des drapeaux, des t-shirts, des fans en masse dans toutes les rues, un véritable carnaval d’Ayreonauts. Petit détour par la Next Stage pour admirer le merch, et venir récupérer plus tard un vinyle signé et deux bières brassées pour l’occasion. Petit regret, pas de rééditions d’anciens albums d’Ayreon, mais le dernier album solo d’Arjen fera parfaitement l’affaire.

En entrant dans le Poppodium 013, je prends la mesure du spectacle. La scène est impressionnante, avec un écran géant en demi-cercle, deux écrans latéraux et des leds sur les côtés, offrant une immersion presque cinématographique. Placé dans la fosse, je sais que ce sera un vrai challenge pour un petit Méditerranéen comme moi, les Néerlandais étant très grands, je vais avoir un accès visuel limité mais cela ne diminue pas l’excitation.

Live Report Ayreon Tilburg 2025 Noise Injection

Live Report Ayreon Tilburg 2025-2 Noise Injection

Premier acte – les inédits

Mike Mills chauffe la salle avant le premier titre, My House on Mars issu de Universal Migrator. L’attente énorme me fait prendre quelques secondes pour m’immerger, mais dès que les guitares saturées frappent, je suis pris par l’énergie épique, grandiose et futuriste. Les artworks en fond complètent l’effet et renforcent le côté cinématographique du show. Pendant le set, les créations visuelles défileront derrière le casting, réalisées par Lori Linstruth, ponctués de quelques images issues de banques d’images ou de créations IA.

Sail Away to Avalon me provoque des frissons à l’arrivée de Maggy Luyten, qui incarne la perfection du chant heavy féminin. Dans Ayreon, chaque chanteur et chanteuse est choisi avec soin, Anneke, Marcela, Heather, présentes ce soir ou encore par le passé Russel Allen, Floor Jansen, Daniel Gildenlow, tous mes favoris y ont participé ou participent encore.

Green and Cream de Guilt Machine, projet souvent méconnu mais touchant, introduit Tommy Karevik sur scène. Le Suédois m’impressionne par sa puissance vocale, bien mieux que lors de ses prestations précédentes avec Kamelot. The Year of ’41 de Star One marque la première apparition de Dino Jelusick sur scène. Ses qualités vocales sont exceptionnelles, un coffre et un timbre qui me rappellent Russel Allen, la nouvelle génération incarnée.

Le premier acte s’achève sur Carried by the Wind, porté par Arjen en personne, un instant solennel et chargé d’émotion. À peine les dernières notes dissipées, l’écran s’anime et révèle une Irene Jansen métamorphosée en androïde. La mise en scène est chouette, sa version numérique projetée en grand contraste avec l’obscurité de la salle, donnant au moment une aura futuriste et théâtrale. Elle annonce l’ouverture du second acte, une partie plus classique dans la sélection mais autrement plus percutante, où l’énergie monte encore d’un cran.

Deuxième acte – les classiques et moments percutants

Le deuxième acte frappe fort, avec des titres heavy et puissants. The Theory of Everything avec Mike et Maggy est massif et intense, ce duo fonctionne à merveille, le tout est sublimé par la flûte impeccable de Joeroen Goossens, pilier de l’identité sonore d’Ayreon. Into the Black Hole permet à Damian Wilson de briller pleinement, accompagné de riffs assassins et d’une précision instrumentale exemplaire.

Moment personnel fort, Dawn of a Million Souls, sans doute mon titre préféré d’Ayreon car il contient ce qui reste à mes yeux le plus grand solo de guitare jamais enregistré, signé par l’extraterrestre Michael Romeo. Entendre ce morceau en live est un privilège rare, et forcément, je guettais ce moment. Dino Jelusick remplace Russel Allen avec une aisance déconcertante, un timbre si proche qu’on croirait entendre l’original. Mais quand arrive le solo, difficile d’imaginer quelqu’un égaler Romeo. Timo Somers prend le relais, impeccable de technique et de présence, et puis soudain, le solo se partage avec Ben Mathot au violon. Une véritable astuce de mise en scène, presque une pirouette maligne pour contourner l’impossible : reproduire le sweeping hallucinant du maître. Et le résultat fonctionne, guitare et violon se suivent avec virtuosité, l’énergie est intacte, et Timo ajoute ce qu’il faut de showmanship pour rendre le moment inoubliable.

Le trio Maggy, Anneke et Heather sur Valley of the Queens est un moment de grâce, avant Day Sixteen: Loser. Le combo clavier/flûte/violoncelle fonctionne à merveille, donnant au morceau toute sa dimension progressive et théâtrale.

D’autres titres incroyables s’enchaînent comme The Castle Hall, Amazing Flight avec un moment théâtral entre Arjen et Robert Soeterboek échangeant un thé, ou encore Everybody Dies, qui permet de voir l’alternance et la puissance de plusieurs chanteurs sur scène.

Alors que le spectacle touche à sa fin, Arjen prend le micro avec Joost pour remercier le public, les artistes, tout le crew qui a bossé sur le projet et souligner la portée de 30 ans de carrière. Touchant, sincère, et bigrement à l’aise pour quelqu’un de timide, il évoque l’évolution de son projet, sa relation avec Joost et le chemin parcouru. Joost lui rendra un vibrant hommage, son maestro étant l’homme qui a « fait sa carrière » selon ses termes.

Le final sur Day Two: Isolation rassemble tout le casting, offrant des frissons incomparables et un moment d’unité et de communion avec le public.

Pas de photos pour ce show, la captation est prévue pour DVD, ce qui oblige à se plonger complètement dans le spectacle. Un petit regret, j’aurais aimé entendre un titre d’Ambeon pour le plaisir, mais l’expérience reste exceptionnelle et immersive. Je trouve aussi la scène ayant moins de charme que les précédentes, le staging à étages (et particulièrement sur Electric Castle Live) donnait une dimension Space Opera bien plus forte.

Pour finir, le temps est passé bien trop vite malgré 2h30 de show, preuve que chaque minute est essentielle pour célébrer trois décennies de musique et de magie progressive. An Amazing Flight Through Time a été un voyage dans l’univers d’Ayreon, mêlant émotion, virtuosité, mise en scène cinématographique et moments de pur bonheur.

Avec ce casting incroyable, des inédits, des classiques revisités et des performances exceptionnelles, Arjen Lucassen et ses compagnons de scène ont offert un spectacle que chaque fan gardera en mémoire pour toujours. Pour moi, ce show confirme qu’Ayreon reste une expérience live inégalée, et qu’il est impossible d’imaginer un événement plus complet et immersif pour célébrer 30 ans de magie.

La note des lecteurs

[Total: 0 Moyenne: 0]

Djam - Progressive Metalhead

Originaire des Pyrénées, je traine mes pattes dans la scène Rock depuis plus de 20 ans. Je couvre les concerts avec mon vieux réflex d’une main et mon stylo de l’autre, toujours prêt à partager mon opinion. Que ce soit sur scène ou en festival, je balance mes chroniques et live reports capturant l’essence de ma propre expérience.