Le maître britannique du Prog est de retour. The Overview marque une nouvelle étape dans la carrière tentaculaire de Steven Wilson après un The Harmony Codex qui, s’il m’avait intrigué, n’avait pas été la claque escomptée. Et plus j’y pense, plus je réalise que la dernière fois qu’un album de Steven Wilson m’a vraiment happé, c’était il y a déjà dix ans, avec Hand. Cannot. Erase. et son prédécesseur, l’immense The Raven That Refused to Sing. Voilà où j’en suis quand j’appuie sur Play.
Dès le premier contact, un détail attire mon attention : l’album est conçu comme un double volet, une Face A et une Face B, clin d’œil assumé aux vinyles des 70’s. Une approche qui sent bon la nostalgie et qui annonce une expérience plus immersive que linéaire.
Steven Wilson nous l’avait promis : The Overview est du pur Prog. Et il n’a pas menti. C’est une odyssée sonore, une plongée dans les méandres d’un esprit toujours aussi prolifique. L’album brasse large et navigue entre toutes les facettes du maître, avec des échos évidents de Porcupine Tree, notamment la période hallucinée de Voyage 34.
L’ouverture pose une ambiance spatiale, Wilson y chuchote presque, avant qu’un piano bondissant et des chœurs vaporeux ne fassent monter la tension. Au troisième mouvement, Nick Beggs débarque avec une basse distordue qui relance le morceau façon Porcupine Tree en mode ascensionnel. Puis, retour au calme : nappes de claviers planantes, guitare acoustique en apesanteur. Randy McStine, ce surdoué qui a accompagné PT sur scène et assuré les premières parties de The Pineapple Thief, déploie un solo lumineux, avant que le morceau ne bascule vers un final plus angoissant, dominé par des synthés étranges et la voix de Wilson perchée tout en haut. La dernière attaque de McStine, un solo baigné de sustain, suspend littéralement le temps. Je sors de ce premier morceau avec une question en tête : où est-ce que Wilson veut m’emmener ?
La Face B démarre comme un trip sous acide. Toujours la tête dans les étoiles, les synthés rappellent des textures familières de la discographie de l’Anglais. Puis, la guitare acoustique prend les devants, et ça sent The Sky Moves Sideways à plein nez. Tout s’imbrique parfaitement : synthés, guitares, percussions, rien ne dépasse, tout respire. L’intensité monte encore d’un cran avec des voix plus appuyées, un clavier qui dégouline de sonorités seventies et une section instrumentale qui ne demande qu’à éclater. Puis, tout change. La deuxième partie du morceau nous catapulte dans une ambiance SF pure. Blade Runner s’invite dans le mix, Vangelis n’est pas loin, et une voix féminine presque robotique injecte une tension étrange et hypnotique.
Comme d’habitude, la production est absolument irréprochable. Wilson se régale, ça s’entend. L’image sonore est démentielle, ample, ultra-travaillée. Un plaisir auditif absolu, comme on pouvait l’attendre d’un mec qui a bossé avec King Crimson, Jethro Tull et Yes.
Et ce n’est pas tout. The Overview s’accompagne d’un long-métrage, et j’aurais adoré pouvoir assister à une projection pour en saisir toute la portée visuelle. Musicalement, cet album a une saveur bien particulière, flirtant avec le Space Rock et le Psychédélique des débuts de Pink Floyd.
Alors, perfection ? Pas tout à fait. S’il y a un bémol, c’est cette impression diffuse de déjà-vu. Comme si Wilson avait puisé dans ses propres archives, reconfiguré des fragments de son passé et recraché un patchwork d’idées familières. Ce n’est pas un défaut en soi, mais ça m’empêche d’être totalement soufflé.
A noter que Steven Wilson et sa troupe va venir défendre son dernier opus avec 5 dates françaises, 3 sur Paris et 2 à Lyon !
Pour clôturer cette chronique, je dois d’abord noter que l’album est dense. Il faudra du temps pour en saisir toutes les subtilités. Mais déjà, une chose est sûre : The Overview est une œuvre riche, ambitieuse, qui va continuer à résonner longtemps. Pour l’instant, c’est un solide 4,5/5.
Live Report de la tournée The Overview
![[Chronique] Steven Wilson – The Overview 3 Djamel Profil](https://www.noise-injection.com/wp-content/uploads/2024/02/Retoucheprofile-pic-enhance-faceai-sharpen.jpg)
Originaire des Pyrénées, je traine mes pattes dans la scène Rock depuis plus de 20 ans. Je couvre les concerts avec mon vieux réflex d’une main et mon stylo de l’autre, toujours prêt à partager mon opinion. Que ce soit sur scène ou en festival, je balance mes chroniques et live reports capturant l’essence de ma propre expérience.