C'est le grand retour que j’attendais. Opeth, les prodiges suédois de Metal Progressif, reviennent avec The Last Will & Testament, un album qui ressuscite mes émotions des grandes heures. Je vais être honnête : ces dernières années, la passion s’est un peu amenuisée. Le groupe semblait s'éloigner de ses racines les plus brutales, explorant des territoires plus calmes, plus Prog. Sorceress et In Cauda Venenum avaient leurs moments de grâce, surtout la version suédoise de ce dernier, mais quelque chose manquait. La puissance brute, ce côté sombre qui a fait la légende d'Opeth.
Le concept de The Last Will & Testament est sombre et captivant. L’histoire racontée tourne autour d’un testament dévoilé après la Première Guerre mondiale, des secrets de famille enfouis comme des cadavres dans un placard familial. Mikael Åkerfeldt ne compose pas simplement de la musique, il construit des mondes, des histoires qui happent dès les premières notes. Et les growls ? Ils sont de retour, et pas qu'un peu.
"S1" est une véritable bombe. Les riffs alternent entre une délicatesse presque acoustique et une puissance bien Metal qui fait vrier. On retrouve les fantômes de Ghost Reveries qui planent, mais avec une modernité appréciable. Les transitions sont fluides, comme si le groupe jonglait entre lumière et ténèbres avec aisance.
L'arrivée de Waltteri Vayrynen à la batterie n'est pas anodine. Avec un CV solide (passé par Paradise Lost et Bodom After Midnight) J’aurai pu craindre un choc des cultures. Mais son jeu apporte une belle dynamique, comme s'il avait toujours été là en fait. Sa technique est précise sans être rigide, organique sans paraître improvisée. C'est ce genre de recrue qui peut bonifier un album.
Chaque morceau est une pièce d'un puzzle complexe. "S2" surprend avec un riff presque Hard Rock / Heavy, entouré pourtant de double pédale et même d’orchestration ! Les passages plus atmosphériques plongent dans une mélancolie pure. On est tenté de réécouter encore et encore, à la recherche d'un détail échappé.
Autre bon point, la collaboration avec Ian Anderson, le flutiste intemporel de Jethro Tull qui nous offre sa patte avec son solo sur "S4", preuve de l’amour du Prog insufflé par Opeth.
La richesse instrumentale est d’un haut niveau : chaque écoute révèle de nouvelles subtilités, comme si l'album se dévoilait par couches. Les claviers ajoutent des nuances spectrales, les guitares passent du murmure au hurlement avec grâce. On sent que chaque note a été pesée, réfléchie, presque chirurgicalement placée. Pour autant, à l’écoute on reste dans un son typé Prog plus que Death, et même si la présence des grattes est en hausse, on reste dans un univers cohérent avec les albums les plus récents.
Ce n'est peut-être pas Blackwater Park, mais c'est probablement l'album que j’attendais depuis des années. Une galette qui fait la jonction entre l’aspect Death des débuts et l'approche Prog Rock plus récente. Opeth démontre que ce n’est pas un groupe banal, ils savent créer des ambiances et des textures qui accrochent l’oreille.
The Last Will & Testament est un bon cru. Un album qui se savoure, qui demande du temps et de l'attention, mais qui récompense généreusement l'auditeur patient. Pour les nouveaux venus, cet album est une excellente porte d'entrée sur leur discographie
Un retour en force qui me fait définitivement retrouver la foi. Même si la nostalgie des premiers albums reste encore trop forte pour embrasser cette nouvelle sortie comme une pépite incontournable, Opeth vient quand même de sortir un album qui va me plonger de longues heures dans leur univers. Bravo.
![[Chronique] Opeth - The Last Will and Testament 2 Djamel Profil](https://www.noise-injection.com/wp-content/uploads/2024/02/Retoucheprofile-pic-enhance-faceai-sharpen.jpg)
Originaire des Pyrénées, je traine mes pattes dans la scène Rock depuis plus de 20 ans. Je couvre les concerts avec mon vieux réflex d’une main et mon stylo de l’autre, toujours prêt à partager mon opinion. Que ce soit sur scène ou en festival, je balance mes chroniques et live reports capturant l’essence de ma propre expérience.