Chronique

[Chronique] The Sea Within – Stolt, Gildenlöw, Minnemann, Reingold, Brislin, McPherson

Quelle est la Big News de cet été dans la sphère Progressive ? La sortie le 22 juin de l'album The Sea Within du groupe du même nom. Piloté par le guitariste/chanteur  Roine Stolt (The Flower Kings, Kaipa, Transatlantic), The Sea Within n'est autre qu'un SuperGroupe de Prog (pour une fois sans Mike Portnoy !) au line-up complètement démesuré, jugez du peu :

  • Batterie : Marco Minnemann (The Aristocrats, Steven Wilson, Joe Satriani)
  • Basse : Jonas Reingold (The Flower Kings, Karmakanic, The Tangent)
  • Claviers et voix: Tom Brislin (Yes, Renaissance, Meat Loaf)
  • Guitare lead et voix : Daniel Gildenlöw (Pain of Salvation)
  • Voix : Casey McPherson (Flying Colors)

 

Si ce n'était pas suffisant, The Sea Within embarque une belle sélection de guests:

  • Voix : Jon Anderson (Yes)
  • Claviers : Jordan Rudess (Dream Theater)
  • Saxophone : Rob Townsend (Steve Hackett/Genesis)

 

Avec autant d'expertise réunie autour d'un projet commun, l'attente ne peut être que très lourde, particulièrement pour les auditeurs à la recherche d'un Rock Progressif faisant autant la part belle aux origines du genre qu'à son renouveau. Les promesses ont-elles été tenues ?

Avec une entrée en matière très puissante, "Ashes of Dawn" est certainement le titre le plus heavy de l'album, les riffs de guitare sont presque Metal. Les voix de Gildenlöw et Stolt poussent fort et donne cette ambiance sombre si singulière au titre, le solo de saxophone de Townsend est un pur hommage à King Crimson. Minnemann derrière ses fûts joue dans le style le plus Progressif des années 70. Ce titre est du même niveau que ce que les pontes du Prog des 70's ont pu offrir, pas moins...

Après ce voyage en océan agité, "They Know My Name" représente ce que serait une mer calme mais inquiétante avec une belle progression d'accord, un clavier tout en sensibilité de Brislin magnifié par l'approche conteuse et riche en émotions de Gildenlöw.

Toujours en eau calme, "The Void" se révèle assez captivante, Gildenlöw... s'arrache pour offrir une prestation vocale comme jamais et rappellera ce qu'il peut donner de meilleur. Les connaisseurs se souviendront sans aucuns doutes des passages vocaux les plus frissonnants du dernier Pain of SalvationIn The Passing Light of Day, on est dans le même registre...

Plus dynamique et punchy, "An Eye For an Eye" est l'oeuvre de Minnemann (qui part ailleurs est un brillant compositeur maîtrisant guitares et claviers en plus de son talent déjà immense à la batterie). L'ensemble est très Rock pendant une bonne première partie du titre et vire étonnamment vers un style très Jazz Fusion / Jazz Rock à l'arrivée du solo majestueux de Brislin. Pour clôturer, la composition repart sur les chapeaux de roues. La richesse de ce morceau provient clairement de cette alternance Rock / Jazz / Rock parfaitement exécuté qui lui donne une couleur très particulière.

L'album continu sa navigation avec "Goodbye". McPherson prend le relais en voix principale, offrant une belle variante mais restant très harmonieuse avec les tonalités de Stolt et Gildenlöw. La guitare solo de Stolt, comme à l'accoutumée, donne un ton très mélodique et unique en son genre. La composition savamment étudiée, regorge de sonorités d'ambiances avec des nappes de mellotron, orgues, guitare acoustique, etc. Le jeu de Minnemann, pourtant très riche, ne pollue en rien l'espace sonore, il sublime même l'ensemble avec une partie de double pédale surprenante au premier abord mais impossible de dissocier après cette première écoute. "Goodbye" ravira les passionnés de virtuosité maîtrisée, clairement ce titre fait la part belle au talent de chaque musiciens sans jamais les brider.

"Sea Without" est une courte composition instrumentale que l'on aurait pu entendre dans un opus de King Crimson, en pleine montée progressive le soufflet retombe sur une courte ligne de basse fretless. Dommage j'en aurai voulu plus.

"Broken Cord" est le morceau le plus long de l'album d'une durée de 14 minutes, avec son côté très The Beatles et particulièrement "Sgt. Pepper" durant son introduction. "Broken Cord" détonne avec son univers plus Pop et très choral à la façon d'un Electric Light Orchestra. Avec ces chœurs, ces arrangements et la guitare si typique de Stolt, on se retrouve dans un univers très comparable à ce que l'on a l'habitude d'entendre dans les productions de Stolt, particulièrement dans The Flower Kings avec peut être parfois un aspect redondant rendant "Broken Cord" plus difficile à intégrer, de plus Jon Anderson ressort difficilement, partageant la scène vocale avec McPherson et Gildenlöw.

Le moment ou Jordan Rudess apparaît intervient à partir de maintenant, "The Hiding of Truth" met en valeur le jeu typique du claviériste fantasque de Dream Theater, et si au premier abord je pouvais craindre une difficile compatibilité, je dois accorder que ça marche plutôt bien. Le duo Rudess / voix de McPherson nous donne un oeuvre plutôt Pop, de qualité tout à fait honorable et clôture ainsi l'album...

... enfin pas vraiment, car toutes les releases sortent avec un disque bonus de 4 titres, dont "The Roaring Silence" et "Time" qui font honneur au Mellotron et tous deux des titres Prog dans toute leur splendeur, que dire encore une fois de la palette vocale de Gildenlöw qui prouve encore une fois (pas sur qu'il ai eu à le prouver en fait) qu'être originaire d'un groupe de Metal Progressif n'empêche absolument pas de briller dans un album aux tournures Art Rock / Prog Rock.

"Where Are You Going" repart sur une expérimentation à la "Sgt. Pepper" avec de beaux claviers. Le final de ce premier album se nomme "Denise", une oeuvre qui se révèle assez étrange et atmosphérique.

 

Dans son ensemble, ce premier album est une oeuvre impressionnante de part sa qualité, sa rigueur et sa virtuosité, avec pour seul objectif de rendre une écoute plaisante invitant au voyage. De superbes musiciens pour de superbes compositions, tel est ce qu'il faut retenir de cet album qui s'approche de la perfection, avec pour seul regret un côté un peu déconnecté entre les titres. Très belle qualité de production avec un son de basse superbement placé, une batterie pas trop en avant et un bel espace réservé aux voix. Que dire à part que The Sea Within à tapé très haut. Avec un premier concert réalisé dans le plus grand festival de Rock Progressif d'Europe à Lorelei en Allemagne, le collectif est déjà candidat au titre de meilleur album Progressif de l'année. Cet album est une valeur sûre, il plaira même à ton papa fan de Yes et King Crimson alors vas-y les yeux fermés !

 

Note de l'album: 4/5

 

La note des lecteurs
[Total: 4 Moyenne: 3.3]

Comments (1)

  1. […] Owane et son album Yeah, Whatever ou plus confirmés comme le collectif The Sea Within et leur album éponyme dont les créations auraient pu être détaillées ci-dessous (mais que veux-tu il faut parfois […]

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