Live Reports

[Live Report] Magma + King Crimson – 02/07/2019 au Théâtre Antique de Fourvière @ Lyon

Concert King Crimson Magma Lyon

C'est dans le cadre du festival des Nuits de Fourvière et son amphithéâtre gallo-romain, que deux mastodontes du Rock Progressif se sont présentés. Les deux troupes fêtent ainsi 50 ans de carrière et partagent une même affiche pour la première fois. Ce soir c'est open bar au niveau des influences musicales, jazz, rock, classique et tant d'autres genres vont être magnifiés. C'est aussi une soirée qui fait la part belle aux 70's, la décennie reine du Rock Progressif.

Magma

Et puis c'est le tour de Mekanïk Destruktïw Kommandöh, démarrant sur ces accords de claviers iconiques et rapidement soutenus par une section de cuivres et des chœurs menés par Stella Vander, qui visiblement possède encore la voix de ses 20 ans. L'oeuvre est un monument (certainement celui ayant acquis la plus grande notoriété), 40 minutes de composition complexe, peu de groupes seraient capables d'assurer quelque chose comme ça, et ça fait sens avec le côté très Jazz de Magma, il y a cette propension à improviser et/ou faire sonner l'ensemble comme une jam session. Pour finir, Christian laisse ses baguettes pour revenir au devant de la scène et prendre le micro, avec Ehn deiss, une balade qui clôture un set mémorable, une expérience rare, forcément c'était Magma.

Les français démarrent avec Köhntarkösz, un album/titre paru en 1974, rien que ça. Avec ma bière fraîche à la main je me positionne assez près du groupe, les dix premières minutes démarrent assez calmement histoire de mettre en jambes et laisser l'audience s'imprégner de l'univers si étrange de la formation. La deuxième partie du morceau est bien plus dynamique et favorise l'expression technique des musiciens. Christian Vander, fondateur du groupe et d'un âge déjà avancé, régale comme un métronome derrière sa batterie et se donne sans limites. Les chants et chœurs en kobaïen, cette langue crée par et pour le groupe, s'insèrent dans mon esprit tel un rituel chamanique couplé à l'usage de produits psychotropes un peu trop puissants. Applaudissements bien lourds, le public est fin connaisseur me dis-je.

 

King Crimson

Si le grand Bill Bruford a porté avec brio la section rythmique de King Crimson pendant de longues années, il a bien fallu remplacer le géant lors de son départ à la fin des années 90, et ce fut Pat Mastelotto présent ce soir accompagné par non pas moins de deux autres batteurs dont Jeremy Stacey et le maestro Gavin Harrison. Trois batteries à l'avant de la scène ça en jette quand même pas mal. Comme attendu King Crimson produit un show d'une certaine élégance, la qualité son est au poil et tout est là pour apprécier au mieux ce groupe culte. Quel cumul de talent au mètre carré, Tony Levin et sa magnifique moustache gère avec son flegme usuel sa Chapman Stick (sorte de basse 12 cordes jouée en tapping), Jakko Jakszyk est de loin le meilleur choix pour remplacer Adrian Belew au chant, et donc si la formation n'a de membre originel que son fondateur Robert Fripp, l'équipe est plus que largement à la hauteur.

Ainsi d'entrée avec Lark's Tongues in Aspic la richesse rythmique se fait sentir et les musiciens ont savamment étudié leurs parties pour créer un univers cohérent. C'est avec un plaisir non contenu que je rencontre enfin Robert Fripp sur scène, ce guitariste complètement geek et exclusif qui déteste le streaming et la capture vidéo des concerts (ne lui parle surtout pas de Spotify).

Avec Neurotica, la puissance du trio de batteurs ressort de plus belle et ce Jazz Rock Fusion n'a pas pris une ride et fait preuve d'une modernité surprenante. Quand vient le moment du splendide Epitaph, c'est un retour direct vers 1969 et ce son inimitable du clavier Mellotron. D'ailleurs toutes les notes de Mellotron, dans n'importe quel groupe, ça sonne comme King Crimson pas vrai ?

La setlist est magistrale, un condensé de ce que les britanniques ont réussi de mieux et de quoi ravir les fans de première heure avec notamment Moonchild ou The Court of the Crimson King, sans oublier Starless et Indiscipline. En guise de rappel, 21st Century Schizoid Man bien évidemment, Mel Collins au saxophone réalise un solo incroyable, ce type a un sacré niveau et sa réputation n'est pas volée.

Si pour faire la fine bouche je n'aurai pas été contre un Red et un Waiting Man, le concert fut néanmoins un voyage réussi à travers une certaine époque, un standing et une classe que seule une poignée d'artistes ont réussi à atteindre pour devenir cultes. Même après 50 ans, qui peut s’asseoir à la table de King Crimson et lui dire je suis plus stylé que toi ?

 

 

Crédit Photos: Tony Levin

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