Chronique

[Chronique] The Pineapple Thief – Dissolution

The Pineapple Thief est un groupe d'Indie/Prog Rock britannique qui puise régulièrement ses influences dans le Neo-Progressif. C'est aussi un groupe qui est à la croisée des chemins entre Radiohead et Porcupine Tree, composant des titres berçant dans une forme de poésie folk toute en nuances et dont les compositions sont définitivement sophistiquées, sans pour autant tomber dans un rock trop intellectuel et inaccessible. Depuis 1999 la bande à Bruce Soord a fait du chemin avec déjà 11 albums concepts dont aucuns n'est à jeter. The Pineapple Thief a trop longtemps été (à tort) boudé par le public européen hors Royaume-Uni, le groupe a néanmoins obtenu ses lettres de noblesses en rejoignant le très progressif label Kscope (Steven Wilson, Tangerine Dream, Anathema, etc.), ils nous reviennent aujourd'hui avec un 12e album paru le 31 août. Faisant suite au très réussi Your Wilderness (certainement leur plus grand succès commercial) sorti deux ans plus tôt, Dissolution repart sur le même line-up avec le très populaire Gavin Harrison (King Crimson, ex-Porcupine Tree) à la section rythmique qui s'installe ainsi comme un membre à part entière du collectif.

Le propos essentiel de Dissolution se veut être une critique des relations sociales modernes, de nos comportements ultra connectés et de la désintégration sociale qui en découle. Ce propos est servi par une alternance entre une approche rock agressive et des passages calmes et poignants, la marque de fabrique de The Pineapple Thief. Dissolution débute avec "Not Naming Any Names", un court titre avec un piano délicat où la voix fragile de Bruce se pose à la perfection, s'en suit "Try as I Might" qui replonge l'auditeur dans un univers familier, ici toutes les composantes de The Pineapple Thief sont respectées, de la guitare acoustique à l'électrique saturé en passant par une présence appréciable du bassiste, à noter également la mise en avant du jeu de Gavin Harrison et sa caisse claire, reconnaissable dès la première frappe. Le solo de Bruce Soord et le dernier quart du titre rappelle ainsi ce qui à fait la force du précédent Your Wilderness, une ambiance maîtrisée, rock, progressive et entraînante.

"Threatening War" fait la part belle à la progression. En démarrant par ce qui semble être une balade acoustique, le titre s'emballe progressivement vers un rock plus pêchu. Le jeu syncopé entre Jon Sykes à la basse et Harrison derrière les fûts offre une belle dynamique à l'ensemble. La patte de Gavin Harrison est palpable, à tel point que certaines parties du titre pourraient parfaitement s'intégrer à la discographie de Porcupine Tree, l'ajout de Mellotron et la montée en puissance des guitares électriques en sont la preuve la plus parlante. Autre titre pouvant se rapprocher de ce que Steven Wilson serait capable de produire aujourd'hui, "All That You've Got" fait la part belle à un rock progressif parfaitement dynamique, entraînant et proposant des riffs puissants.

Avec "Uncovering Your Tracks" et "Far Below", l'auditeur se retrouve plongé à nouveau dans un univers qui répond aux codes de The Pineapple Thief. Sans pour autant être les titres les plus originaux de la discographie des britanniques, certains passages méritent d'être appréciés à leur juste valeur, "Far Below" offre une belle harmonie entre la voix de Bruce Soord et les chœurs. "Uncovering Your Tracks" dispose d'un solo de guitare bien réalisé, intégrant un bel effet sonore (whammy) sans oublier la prestance vocale de Bruce qui en plus d'être un excellent guitariste, maîtrise largement son sujet avec là encore le choix de chœurs pour rajouter une sensation de grandeur à l'écoute.

"Pillar of Salt" pourrait n'être qu'une introduction au titre suivant, il est un court passage de folk tout en arpèges annonçant comme à son habitude un titre avoisinant les 10 minutes, une habitude prise par The Pineapple Thief dans la plupart de leurs albums. Avec Dissolution, c'est le titre "White Mist" s'étalant sur plus de 11 minutes qui tient le rôle. "White Mist" est la composition la plus exigeante, la plus atmosphérique et peut être la plus réussie de l'album. Le rythme syncopé, l'utilisation magistrale des breaks et le talent incommensurable de Gavin Harrison continu de faire son redoutable effet. Les guitares acoustiques et électriques créent une ambiance qui ravira les fans de rock progressif avec là encore la présence de solos de guitares exécutés avec brio sans jamais verser dans la démonstration technique stérile. Bruce Soord dévoile à nouveau sa palette vocale, sensible et riche en émotion. Au clavier c'est un véritable tour de force qui est réalisé, le titre est magnifié par des touches subtiles mais si importantes qu'elle participent entièrement à la saveur du titre.

Dissolution clôture sur "Shed a Light" un titre qui débute à nouveau à la guitare acoustique, Bruce Soord dépose sa voix sur quelques accords calmes et mélancoliques. "Shed a Light" s'envole progressivement vers des sonorités plus claires et ouvertes. La montée en puissance de la guitare électrique et les accords majeurs de piano transportent l'auditeur vers un sentiment plus léger.

 

Oui Porcupine Tree n'est plus et nombreuses sont les formations qui mériteraient de devenir le nouveau fer de lance du Neo-Prog britannique. Rassurez-vous, The Pineapple Thief est là, les anglais avec Your Wilderness et désormais Dissolution prouvent que leur statut à changé. Acteurs désormais ancrés dans la vague progressive, The Pineapple Thief offre un 12e opus de qualité, peut être moins expérimental que certains albums de leur discographie et assurément moins impressionnant que Your Wilderness. Il n'en reste pas moins que Dissolution ravira les amateurs du genre ainsi que les plus néophytes, globalement accessible, cet album propose une belle entrée en matière dans l'univers du rock progressif moderne. Dissolution est également un album plutôt homogène sans coups de mou et sans grande épopée à part peut être "White Mist" qui devrait être un vrai plaisir live (rendez-vous le 15 septembre à la Maroquinerie).

 

Note de l'album : 4/5

La note des lecteurs
[Total: 2 Moyenne: 4.5]

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Comments (1)

  1. […] chez Kscope, The Pineapple Thief a sorti l'excellent Dissolution dont la chronique a été publiée ici même. Naviguant entre le Prog Rock et la Pop façon Radiohead, l'album a reçu un accueil globalement […]

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