Live Reports

[Live Report] – Lévitation France 2019 @Angers

Le Levitation France est de retour à Angers pour sa septième édition. Après trois années passées au Chabada, c’est la quatrième fois que le Quai accueille le festival des cultures psychédéliques. Ce sera la sixième pour moi. Une programmation toujours de haute volée qui va voir les groupes se succéder entre la petite scène T400 et la grande scène du Forum. Il est donc possible d’assister aux vingt et un concerts à condition d’avoir de l’endurance. La scénographie est toujours assurée par The Mustachio Light Show qui continu de remplir la bâtisse pour une immersion plus que réussie.

Comme à l’accoutumée, c’est un artiste local qui a l’honneur d’ouvrir les festivités. La nantaise Suzy Levoid, alias Miët, va donner la tonalité dans la T400 avec ses riffs acérés dans le cadre d’une édition qui renoue pleinement avec le rock qui tache. The Warlocks enchaînent sur la grande scène à 19H30 armés de deux batteries. L’horaire peut sembler étrange pour un groupe de cette trempe mais le public a répondu présent. J’ai rarement vu autant de monde dès l’ouverture. Le son est lourd et la voix de Bobby Hecksher au sommet. Quel plaisir d’entendre les cultissimes « Shake The Dope Out », « The Dope Feels Good », « Hurricane Heart Attack » ou encore la très rare « Baby Blue ». La soirée commence à peine et je n’ai aucun regret de m’être déplacé. Les italiens de New Candys vont par la suite plonger la T400 dans une ambiance sombre et froide. Ils assurent d’ailleurs la première partie de la tournée actuelle des Warlocks. L'enchaînement fait sens !

A 21H00 le groupe londonien Black Midi monte sur la scène du hall. Ils sont venus défendre leur premier album « Schlagenheim » qui fait déjà beaucoup parler de lui. Autant le dire tout de suite, j’ai eu du mal à rentrer dedans. Pour autant leur technicité et leur inventivité met tout le monde d’accord. Quel batteur incroyable ! J’écoute quelques morceaux avant de me rendre dans le patio pour commander des bières et admirer les visuels psychédéliques qui ont commencé à onduler. Le temps file à tout allure. Le concert de Mattiel a déjà commencé lorsque je rejoins la pénombre de la petite salle. A vrai dire je n’en attendais pas grand-chose. Grossière erreur, l’américaine originaire d’Atlanta déborde d’une énergie franche et communicative. Un mélange de folk, de blues et de rock appuyé par une voix qui sonne toujours juste. Elle ne tombe jamais dans l’excès. Des morceaux comme « Athlete » ou « Keep The Change » donnent chaud au cœur.

J’ai à peine le temps d’attraper un verre de vin d’Anjou que j’entends déjà Frustration fracasser le public. C’est un réel plaisir de voir le fer de lance de Born Bad Records dans ce festival. Leurs morceaux et performances scéniques n’ont plus rien à prouver. Il n’y a rien à redire, ce groupe jouit d’une aura. En témoigne d’ailleurs le respect de ses fans. La fosse se transforme rapidement en joyeux bordel dès les premiers accords de « Dreams, Laws, Rights and Duties » ou d'« Assassination ». Le final sur « Blind » est un pur instant de bonheur ou de carnage selon le point de vue. La seconde partie de soirée est clairement lancée ! Je croise une connaissance et prends le temps pour discuter. Mais les concerts s’enchaînent de manière effrénée. Je vais donc louper une bonne partie du live de Iceage, quatuor danois qui mélange noise-rock et post-punk. J’arriverai à temps pour entendre « Catch It », ils ont l’air en forme.

Il est déjà minuit quand retentit la musique du générique de Terminator. La Fat White Family débarque dans le Forum. Mettre en tête d’affiche un groupe qui a publié son premier album en 2013 est un pari et c’est une franche réussite. Ils sont réputés pour leurs performances et je vais être servi. Moi qui pensais que la voix du chanteur serait un tantinet foireuse sur scène, c’est tout l’inverse. Des salves soniques envahissent le Quai. Lias Kaci Saoudi termine vite torse nu et n’hésite pas à se jeter dans la fosse. La setlist fait la part belle à l’excellent dernier album « Serfs up ! ». Tout y passe : « Feet », « I Believe in Someting Better », « Fringe Runner » ou encore « When I Leave ». Des tubes en puissance qui prennent toute leur ampleur sur scène. Les anciens morceaux ne sont pas en reste comme la fabuleuse « Whitest Boy on the Beach ». Assurément l'un des meilleurs concerts du festival. Je finis par me dire que ces anglais sont fous et que le rock a des beaux jours devant lui. Je dois l’avouer, j’ai misérablement loupé la prestation de The Psychotic Monks. J’apprendrai d’ailleurs le lendemain qu’ils ont brillamment clôturé le premier soir. Je me promets de me rendre à leur prochain concert.

Samedi 21 septembre 2019

La nuit dernière fut dense et agitée. Cela n’empêche en rien d’aller enfin admirer la tenture de l’Apocalypse dans le château des ducs d’Anjou. L’imposante bâtisse est justement face au Quai. Mais il est déjà 17H00, c’est l’heure de relancer la partie. Lors de mon arrivée le groupe angevin Jumaï termine son concert. Une « dream-pop » un brin mystique enveloppe le Forum. La saturation survolée par cette voix cristalline rend bien. Une impression courte mais plutôt bonne. A 17H35 précise, TVAM inaugure la T400. Sur le devant de la scène une télévision à tube cathodique joue un film projeté également sur l’écran de la scène. Le rendu visuel est prenant. La musique n’est pas sans rappeler My Bloody Valentine ou certains morceaux de Moon Duo, le coté électronique bien plus présent. Une belle performance !

Je décide d’aller boire un verre et me restaurer afin d’affronter cette longue soirée. J’entends au loin le concert de Vanishing Twin. La musique est douce et planante. Le temps file et je finis par louper France, formation que je voulais voir ne serait-ce que pour l’utilisation de la vieille roue. Je suis déçu mais je n’étais surement pas prêt pour encaisser une telle salve sonore. J’entends Frankie and the Witch Fingers pointer le bout de leurs nez sur la grande scène. Je me ressaisi et file dans le rang. La musique me rappelle celle de Oh Sees ou de King Gizzard and the Lizard Wizard avec un groove plus personnel. Le chanteur guitariste est surement le fils caché de John Dwyers. Le concert est énergique et efficace. Ils m’ont redonné la force qui commençait à me faire défaut.

Je décide de me rendre dans l’autre salle, plus intimiste, pour écouter Derya Yildirim & Grup Şimşek. Changement d’ambiance. Le groupe est ravi d’être ici, ils en sont presque émus. Ces sonorités du folklore traditionnel turc ne laissent pas indifférent. C’est vraiment beau. Le concert se termine sous les applaudissements. C’est ensuite au tour du Villejuif Underground qui est arrivé à bon port cette année. Il y a deux ans le van n’était jamais parvenu jusqu’à Angers. Loufoques et un peu barrés, l’ensemble des musiciens ne vont pas démériter. A commencer par l’australien, Nathan Roche au chant. Un trouble-fête viendra sur scène. Au moment de se faire virer par un technicien, il attrape instinctivement une tambourine pour jouer avec le groupe. Cela ne se fait pas de virer un Tambourine Man, tout le monde le sait ! Notre cher Kenny, de son véritablement prénom, quitte la scène et le groupe termine sa prestation avec des improvisations enivrées. Un concert drôle, étrange et très coloré, à l’image du groupe en fait.

Pendant que je me ravitaille et discute du précédent concert, l’heure tourne et je vais louper une bonne partie de Mystic Braves. Je pénètre dans la T400 sur le rythme de « Trippin’Like I Do ». Les paroles tombent à pic. Les californiens terminent le concert sur une version allongée de « Bright Blue Day Haze ». Avec le visuel très psychédélique qui tourbillonne, l’ambiance est au rendez-vous. J’ai toujours vu ce groupe comme un Allah-Las sous vitamines. Sur album peut être mais en live il y avait une pointe d’ardeur assez supplémentaire. Je n’ai vu que le final et il avait de la gueule. Le concert se termine tout juste et j’entends déjà le King monter sur scène. L’homme n’est pas réputé pour sa discrétion. Il vient nous présenter King Khan’s Louder Than Death qui comprend un membre des Shrines et ceux de Magnetix. Autant dire du lourd ! Pour l’occasion, et tout en grâce, notre majesté nous laisse contempler son beau ventre tout lisse. Pour la musique c’est autre chose. Du punk garage bien crade. King Khan est une bête de scène qui ne se prend pas au sérieux. Il arrivera quand même à placer un : « Bonsoir je suis la reine d’Angleterre et je te chie dans la bouche ». les premiers rangs sont un véritable champ de bataille. La fosse est déchaînée mais un peu clairsemée sur la fin, les Nights Beats, autre poids lourd la soirée, ont commencé à jouer. Je crois qu’il est impossible d’être déçu d’un concert de King Khan. En plus de tout donner, il communique sa bonne humeur. Pour la suite je n’ai pas trop de souvenirs des Nights Beats, mais je sais qu’ils m’ont vaporisé.

Il est déjà minuit et la tête d’affiche du soir, L’Epée, prend place. C’est leur première apparition en public après la sortie récente de leur album « Diabolique . Pour ceux qui ne le savent pas encore le groupe se compose des Limiñanas, d’Anton Newcombe et d’Emmanuelle Seigner. Quatre musiciens déjà présents sur les tournées des cabestanyencs les accompagnent. « La Brigade des Maléfices » ouvre le bal et elle sera le fil conducteur du concert. Les morceaux sont bons mais la prestation manque d’un petit quelque chose, comme un regain de puissance. Il y aura quelques moments de grâce sur « Ghost Rider » et « Un Rituel Inhabituel ». Ils ont la classe, esthétiquement c’est beau. En bonus, deux morceaux des Limiñanas seront joué : « Shadow People » et « Istanbul Is Sleepy » avec respectivement Emmanuelle Seigner et Anton Newcombe au chant. Il est certain que la formation va se bonifier au fil des concerts.

Alors que je suis en plein alunissage, It It Anita va me remettre les pieds sur terre. C’est noise, c’est violent et le public n’a pas dit son dernier mot. Je repars de plus belle pour un concert qui se terminera dans la fosse. Le batteur a tout simplement démonté sa batterie pour la mettre dans le public. Le fameux Kenny participe d’ailleurs à la stabilité de l’instrument. Encore un sans-faute pour le Lévitation. Les artistes se donnent, le public est cool, le lieu agréable et la scénographie réussie. Il parait que le festival va grossir et s’installer en plein air dans le nouveau Parc Saint Serge. En espérant qu’il conserve son identité qui en fait l’un des festivals de rock des plus palpitant.

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