Chronique

[Chronique] Apairys – Vers la lumière

Le Rock Progressif français existe t'il encore ? Gong, Ange, Magma, on connaît mais le renouveau un peu moins, les britanniques ont su bien gérer la transition avec le mouvement Neo Prog depuis le milieu des 80's, dans l'Hexagone c'était un peu plus compliqué. Mais ces dernières années, des représentants nationaux ont commencé à faire parler, Lazuli, Klone (désormais auprès du label Kscope, certainement le label progressif anglais du moment) ou encore Gojira pour les plus extrêmes. Je me faisais la réflexion dernièrement sur ce qu'était devenu le terreau du Prog français ? Il existe bel et bien mais il est discret, puis, dernièrement, j'ai reçu le CD du groupe Apairys, une formation qui a enregistré Vers la lumière l'année dernière, l'occasion d'y jeter une oreille...

En démarrant avec "Rituel", le guitariste se retrouve immédiatement sur le devant de la scène. Solo de guitare avec tapping inclus, c'est sympa mais ça me semble être un peu présomptueux. Un passage plus calme et acoustique prend le relais laisse la voix entrer en jeu, chaudement accompagnée d'un clavier encore discret. Le chant français ne me fait généralement pas planer, mais dès quelques secondes je constate que le chanteur, Christophe Bellières a une très belle tonalité et une excellente maîtrise vocale. C'est un point que j'aime souligner, surtout dans un milieu aussi exigeant que le Prog où les chanteurs ne sont pas toujours à leur aise. Les riffs sont dans la veine de ce que l'on retrouve dans l'univers du Neo Prog actuel, les nappes de claviers deviennent suffisamment présentes pour donner de l'air au titre. Les passages à la guitare solo sont à mon goûts trop présents et effrénés, ils cassent un peu le rythme et m'empêche de rentrer dans l'univers du titre.

Les premières secondes de la "La Machine" m'emballent assez rapidement avec un air chaud d'Orient. Certains moments sont excellemment exécutés sans trop en faire ou tomber dans la caricature. Le solo du guitariste Benoît Campedel au milieu du titre apparaît brillant par sa simplicité et sa cohérence avec le contexte proposé par le groupe, à ce moment précis. La sonorité présente du clavier façon 70's redonne une louche supplémentaire de Prog au morceau. Le dernier tiers s'emballe, la vocalise pousse sans jamais perdre en maîtrise. Les paroles du titre, branchées science-fiction (tiens ça me rappelle Ayreon) racontent l'histoire de trois vies alternatives, y'a de l'idée.

"Vers la lumière" est un titre instrumental qui démarre à l'acoustique avant de monter en puissance sur des riffs façon Metal Progressif. A la guitare, c'est un nouveau solo, cette fois-ci dans l'esprit Jazz Fusion. Au milieu du titre, je me replonge dans les 70's, le clavier y a un rôle bien évident, la guitare lead qui accompagne le clavier manque de contour et de rondeur. Elle semble ne pas faire corps avec le travail de Silvain Goillot au clavier, alors qu'elle joue parfaitement ce rôle en fin de titre.

L'introduction de "Sur le bitume" se rapproche de ce que j'ai pu entendre chez Lazuli avec une belle montée progressive. Au clavier, le son de Mellotron participe à la fête et ça j'adhère totalement. C'est pour moi le morceau qui ressort le plus de cet opus, une prestation solide derrière les micros, une rythmique juste qui sert le titre idéalement, un ensemble qui sonne maîtrisé et cohérent.

"Recueil" est assurément le gros morceau de l'album, avec plus de 16 minutes il représente quasiment 1/3 de l'oeuvre du jour. Son principal atout est la variété d'ambiances proposées. Le titre est bien évidemment très ambitieux, surfant entre Prog RockMetal Prog et passages acoustiques. La deuxième partie du titre s'assombrit pour donner plus d'agressivité et de corps au titre avec des riffs plus incisifs entrecoupés de solos de guitares et de claviers. Comme dans le reste de l'album, les lignes de basses sont exquises, à la complexité parfaitement jugée et ne tombant jamais dans le démonstratif.

Apairys nous propose là un album qui malgré ses quelques défauts, a des qualités certaines. Une production assez naturelle, loin des standards d'hyper compression et de mastering poussés à l'extrême. Au rang des petites déceptions, un clavier qui manque un peu de présence et un déséquilibre permanent en faveur des solos de guitare qui cassent parfois le récit. L'artwork remarquable, les textes soignés et la qualité indéniable du chant font également parti des qualités évidentes de cet album. Un nouvel entrant dans le Prog hexagonal, ça ne se refuse pas.

 

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